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Forteresse médiévale de Crozant

La commune de Crozant, département de la Creuse, conserve les vestiges imposants d’un château médiéval qui occupe un éperon rocheux correspondant au confluent de la Creuse et de la Sédelle. Les vestiges du château s’organisent à l’intérieur d’une série d’enceintes dont les périmètres sont plus ou moins visibles.

L’occupation du site est attestée dès le néolithique moyen (culture chasséenne) et le néo final chalcolithique. Les sondages, réalisés entre 1964 et 1974 sur le versant ouest, mettent en évidence des indices d’occupation antique (tuiles à rebord) avec une fréquentation probable jusqu’à la fin de l’Antiquité (monnaies du Bas Empire, céramiques paléochrétiennes, sigillées d’Argonne). Pour la période médiévale, les tessons de céramiques (fragments de bords en bandeaux, becs pontés et tubulaires) se réfèrent à des ustensiles fabriqués entre le Xe et le XIIe siècle, mais dont l’utilisation peut perdurer jusqu’au XIIIe voire XIVe siècle.

L’examen des sources s’avère décevant comparé à l’envergure du site. Une mention du château apparaît, au début du XIIe siècle, dans une donation de Hugues Barriou, faite « apud castrum quod dicitur Crosenc, ante portem Sti Stephani ». En 1214, l’appartenance du château aux Lusignan est effective. Puis, on trouve dans les chroniques de Saint Martial (1220) une note en marge du texte, rédigée vers 1275, qui atteste l’existence, dans la seconde moitié du XVe siècle, d’une tradition faisant d’Isabelle d’Angoulême la bâtisseuse du Donjon de Crozant. Au XIIIe siècle, la forteresse constitue une place forte importante puisque Louis IX la prend en gage pour huit ans. En 1308-1314, Philippe Le Bel récupère l’héritage des Lusignan. Crozant devient alors l’apanage du prince Charles entre 1313 et 1322 avant d’entrer dans le domaine royal.

La fondation de la forteresse de Crozant

Les origines de Crozant sont particulièrement délicates à retracer, en raison des lacunes documentaires. De manière directe, on ne sait quasiment rien de Crozant avant le XIIIème siècle. Le château n’est mentionné qu’une seule fois au cours du XIIème siècle, dans une donation au monastère d’Aureuil, faite “devant la porte Saint-Etienne, au château que l’on appelle Crozant”.

Geoffroy,  prieur de Vigeois, dans la chronique qu’il rédige vers 1180, raconte comment Géraud “de Crozant” avait donné à l‘abbaye Saint-Martial de Limoges la villa de La Souterraine. La donation est datable des années 1014-1023 et Géraud de Crosenc figure comme témoin dans une autre donation, de 1019.

Les précisions généalogiques fournies par le chroniqueur sur la descendance de Géraud permettent de déterminer que son lignage est celui des sires de Bridiers. Au début du Xième siècle, Géraud “de Crozant” n’est pas vicomte mais, personnage de premier plan, il domine le territoire assez étendu de la Grande Creuse et de la Gartempe. Il contrôle alors Crozant, avec le château que le site accueillait alors, et sans doute  les mottes de Bridiers, établies près d’un carrefour antique et des ruines d’un vicus galloromain. Geoffroi de Vigeois raconte comment le dernier descendant direct de Géraud de Crozant légua ses terres à Géraud, fils du vicomte de Brosse, avant de mourir en 1136.

(Source – “Crozant forteresse d’exception” / Christian Remy).

Ni les archives, ni les vestiges de maçonnerie ne permettent de proposer des datations précises. En réalité, il est impossible de donner une date assurée pour la construction du château, au demeurant façonné par plusieurs campagnes successives de travaux. Les secteurs comme la tour de Collin ou la Porterie ne sont pas homogènes et résultent de plusieurs phases de construction. Les indices concordent à mettre en évidence une forte activité constructive durant le XIIIème siècle, ce qui rend les interprétations délicates : à quelques années près, entre 1177 et 1250, nous passons des Plantagenêt aux Lusignan puis à l’administration capétienne

‘éperon de confluence s’étire sur un demi-kilomètre et les ruines se développent sur près de 400m de long, depuis le fossé de barrage méridional jusqu’à la tour Collin, au nord.

On comprend assez bien la hiérarchie des espaces dans la partie septentrionale du site : une fois passée la dernière porterie, on accède à une vaste basse-cour se développant sur le versant occidental de l’éperon rocheux, sous le contrôle d’une plate-forme supérieure cantonnée par la tour du Renard et la grosse tour. Il s’agit là d’une organisation assez classique entre la haute cour réservée au seigneur et un enclos inférieur accueillant les activités annexes (stockage, stabulation, cuisines, logements divers).

Toute la zone méridionale du site, en revanche, s’avère plus délicate à interpréter. Elle constitue une sorte de premier château : la massive porterie, fruit de plusieurs générations de remaniements, permet d’accéder à une avant-cour isolée d’un second ensemble, lui-même dominé par un chicot rocheux, et un haut logis résidentiel qui ne peut prétendre au statut de tour-maîtresse du site ; il pourrait s’agir de l’habitation d’un officier, le capitaine par exemple.

(Source – “Crozant forteresse d’exception” / Christian Remy).