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La Tour du Renard

Poursuivons le tour des ruines de la Forteresse de Crozant, et nous voici à la tour du Renard, qui s’élève à l’extrémité de la plateforme de la troisième cour.

La tour du Renard est la seule des tours dans laquelle on peut encore monter. L’accès au premier étage se fait par un étroit escalier en vis dont les marches ont vues passer d’innombrables générations de semelles. Qui étaient les premiers à l’emprunter ? Les archéologues s’accordent à dire que la construction de la tour date du milieu du XIIIe, quand la forteresse était sous l’étendard Lusignan. Toutefois, son architecture présente toutes les caractéristiques d’une tour dite “philippienne” et pourrait donc indiquer une construction réalisée pendant l’occupation du site par une garnison du roi de France (entre 1242 et 1250), lorsque la forteresse fut confisquée aux Lusignan après leur défaite à la bataille de Taillebourg.

L’entrée de la tour du Renard au rez-de-chaussée. © Tiphaine Hirou

“L’hypothèse d’une architecture inspirée des modèles philippiens, émise par Ch. Rémy en 1999, se trouve ici largement confirmée. Tous les éléments de la tour, tant dans la forme que dans la fonction (tour mixte) trouvent en effet comme modèles les édifices du pouvoir capétien. Avec un tel respect des modèles philippiens, l’hypothèse d’une construction royale (pendant la confiscation du château de 1242 à 1250) paraît renforcée.”

Julien DENIS, Tour du Renard, Hadés, archéologie (source)

Observons la tour plus en détails : elle mesure 12 mètres de haut et présente un plan octogonal de 2 m de diamètre. Le rez-de-chaussée est accessible par une porte et ne présente pas d’éléments particuliers, si ce n’est une voûte à croisée d’ogives et des archères qui apportait un peu de lumière. L’étage est plus fourni en détails architecturaux : cheminée décorée de deux sculptures de masques grotesques ; voûte à croisée d’ogives, dont les nervures se terminent sur des culots sculptés de motifs végétaux ; latrines à encorbellement, desservies par un escalier extérieur à la salle principale. Quatre ouvertures permettaient d’éclairer la pièce, la plus grande étant une baie agrémentée de coussièges.

On remarque également la présence d’une porte à l’étage, s’ouvrant sur le vide. Il s’agissait d’une autre entrée qui devait communiquer avec une coursive de bois aujourd’hui disparue, et qui reliait probablement la tour avec le chemin de ronde d’un mur d’enceinte.

“La tour du Renard s’avère être une tour mixte : elle allie éléments résidentiels et éléments défensifs. Cependant, tout en étant pourvue d’archères, elle ne paraît pas avoir de rôle majeur dans la défense du site. De même, tout en étant habitable, elle ne peut prétendre à être résidentielle. On s’interroge donc sur son rôle : s’agit-il d’une seconde tour maîtresse et quel rapport établir avec la « Grosse tour » située à l’autre extrémité de l’éperon ?”

Julien DENIS, Tour du Renard, Hadés, archéologie (source)
La baie à coussièges de la Tour du Renard. © Tiphaine Hirou

Pour terminer, vous vous demanderez peut-être quelle est l’origine du nom de cette tour. C’est un mystère. Certains voient des têtes de renards dans les décors sculptés de la tour, mais il est plus vraisemblable que l’explication soit à chercher ailleurs. Et pourquoi pas du côté du roman de Renart, qui fut un véritable best-seller du moyen âge ? Il est probable que l’on n’aura jamais la réponse exacte et qu’il faille nous contenter d’émettre des suppositions.