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Journées Internationales du Collage 2023

Exposition Espace Monet Rollinat I Du 1er septembre au 19 novembre

Le chiffre « 23 »est à l’honneur !

La troisième édition internationale des JIC( 23 artistes et près de 90 œuvres) est plus que jamais à l’image de la Vallée des peintres : un lieu où chacun fait école de la différence, de la diversité, pour porter le beau comme le caractère universel que l’on croise au détour du singulier. La majorité des œuvres est inédite et a été spécialement conçue pour l’évènement. Un mélange de styles qui fait sans aucun doute la force de ce rendez-vous. On trouvera des styles “courts” où le regardeur devra “finir” l’œuvre aphoristique du collagiste, des styles “longs” où la précision de la construction invite à une profondeur spirituelle, et enfin des styles qui oscillent entre les deux précédents en se complaisant dans une forme de chaos.

À l’heure du numérique, quoi de plus naturel aussi de voir des collages épris du médium du siècle ; j’ai nommé l’ordinateur (lequel relègue pinceaux, ciseaux, crayons, au second plan, quand l’œuvre répond à la dextérité de l’artiste avec son smartphone et son imprimante). On ne s’étonnera donc plus qu’une digigraphie se substitue à un tableau ou encore qu’un fichier soit une œuvre d’art à part entière.

Cependant, on soulignera avant tout la présence d’un surréalisme qui imprègne le collage contemporain ; tel un retour en force. Il y a dans les collages de l’intelligence comme de la modernité, de l’art comme de l’uchronie. Aussi, le “collagisme” réhabilite les temporalités classiques “passé, présent, futur” (tout en permettant leur libre permutation) qu’un art dit contemporain voudrait trop souvent réduire au présent technologique. En ce sens, le “collagisme” pourrait s’avérer comme le mouvement artistique majeur du 20ème siècle, transmettant aux artistes l’esprit libérateur de Dada. On comprendra alors que la technique ne remplacera jamais le style ; restant au mieux un ” copié-collé”.

Par ailleurs, l’exposition rend hommage à Roy Lichtenstein en célébrant le centenaire de sa naissance. La modernité de Lichtenstein c’est de “coller à son époque” sans faire table rase du passé. C’est introduire la bande dessinée dans l’art ou encore la sérigraphie pour reprendre notamment les “cathédrales” de Monet. C’est aussi, bien sûr, l’utilisation des trames Benday. L’artiste incarne la démarche collagiste par essence : la technique mixte.

On le sait, l’œuvre d’art ne vient pas de l’artiste, c’est l’artiste qui vient dans son œuvre. Ainsi, l’art du collage surprend, voire fascine, en ce que l’artiste “copie” sans jamais réduire l’œuvre à une reproduction mais, au contraire, un croisement, un jonglage, un clin d’œil, un écho, une extension, un prolongement, un court-circuit, une interférence, un télescopage, un mariage…cette chose étrange qui fait que nous définissons moins l’art qu’il ne nous définit.

Stéphane GUIBERT
Commissaire d’exposition