Une série d’articles sur Eugène Alluaud, par Manon BARRAUD
Lorsqu’Alluaud s’installe à Crozant dès 1891, il a terminé ses études à l’Académie Julian depuis deux ans, mais il a encore soif d’apprendre. Et, pour ce faire, il s’entoure des meilleurs, parmi lesquels : Maurice Rollinat (1846-1903), le poète de Fresselines et Armand Guillaumin (1841-1927), le peintre cofondateur du mouvement impressionniste. À leurs côtés, il va énormément apprendre et cela aura une grande influence dans la manière de pratiquer son art.
En ce qui concerne Maurice Rollinat, il s’agit d’une grande amitié fondée sur un profond respect mutuel. Cela se ressent avec la photographie du poète, prise par le peintre : l’un semble heureux et concentré de poser pour Alluaud, l’autre, ce dernier, est fier de représenter en image celui qui lui a tant d’appris.
Mais, Rollinat a parfois été très dur avec Alluaud, parce qu’il voulait le meilleur pour lui artistiquement. En le formant de manière stricte, dans sa culture littéraire en particulier, il voulait lui faire connaître toutes les facettes de ce domaine, même les plus sombres.
« Eugène Alluaud a subi une influence littéraire assez tyrannique dans sa vie, celle de Rollinat. »
L’art et les artistes – Art ancien, art moderne, art décoratif, numéro 192, décembre 1929, article rédigé par Ernest Tisserand, pages 79 à 84
Armand Guillaumin, au-delà d’avoir été un ami, fut une véritable source d’admiration pour Alluaud. En effet, ce dernier l’a notamment initié à la lumière et à la couleur, principes fondateurs de l’impressionnisme. En observant ses peintures, nous pouvons remarquer ce changement de direction vers lequel tend Alluaud au moment de l’arrivée de Guillaumin dans sa vie. Mais, il souhaite se démarquer de ce style très impressionniste en utilisant une couleur en particulier qui deviendra sa couleur de prédilection, le vert. En cela, il s’éloigne du style de Guillaumin car à cette époque-là (et encore aujourd’hui), ils étaient beaucoup comparés.
« L’atmosphère est une réalité dont on ne peut dépouiller les objets pas plus que les paysages ; il ne s’agit pas de peindre la Nature, entité vague, mais une aube, un brouillard, des reflets, une rivière granitique ou calcaire ; une heure particulière du jour avec ses tons caractéristiques. La ligne, enfin, n’existe pas dans la nature, c’est une abstraction : il n’y a que des couleurs. »
Citation d’Eugène Alluaud tirée de l’article d’Ernest Tisserand, L’art et les artistes, magazine sorti en décembre 1919