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Pourquoi un hôtel dans un bourg isolé ?

Le bourg de Crozant est situé aux confins du nord de la Creuse et aux portes de l’Indre, bâtit au confluent de deux rivières sur un promontoire étroit. Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les seules auberges du village se situaient à la périphérie de la commune, le long de la route empruntée par la malle-poste. Les maisons du bourg, situées à l’écart de cette voie de communication, n’étaient, elles, desservies que par des chemins, ainsi qu’une unique route qui se terminait devant les ruines médiévales. Pour traverser les rivières, il fallait emprunter le bac de Génetin ou une passerelle piétonne près du moulin Brigand.

Le bout du promontoire de Crozant, vers 1900. Le village se devine derrière les ruines de la forteresse médiévale. Archives Hôtel Lépinat.

« Le village de Crozant n’est qu’une poignée de maisons blanches autour d’une église

La plus grande des maisons, « le Rendez-Vous des Touristes » (Hôtel Lépinat) est une petite auberge confortable, lieu de villégiature préféré des peintres paysagistes français. »

Bertha THOMAS, The Country of George Sand, 1887 (traduit de l’anglais)

Dans les conditions d’un tel isolement, on peut s’étonner que la famille Lépinat ait eu l’idée d’ouvrir un hôtel dans le bourg en 1850. Qui donc étaient les clients ?

La réponse est à chercher du côté des nouveaux venus qui, durant la seconde moitié du XIXe siècle, commencent à fréquenter assidûment les landes escarpées des bords de Creuse. Ils sont peintres ou excursionnistes. Ils viennent des grandes villes de la région, mais aussi de Paris. En croisant ces étrangers sur les sentiers, les Lépinat ont deviné qu’il y avait là de quoi créer un commerce. La suite de l’histoire leur donnera raison, car l’attrait pour la vallée ne faisait que commencer.

Le bourg de Crozant dans les années 2010. Photographie de Joël DAMASE, ADRT