Une série d’articles sur Eugène Alluaud, par Manon BARRAUD
« J’ai soixante ans et je n’ai pas vu Carcassonne. Mais j’ai vu Crozant, qui est bien plus joli que Carcassonne. »
Huit jours à Crozant, Albert Geoffroy, 1901
Cette citation, Eugène Allauud, aurait pu l’écrire : non pour son âge, puisqu’il avait bien moins que soixante ans lors de sa première découverte de Crozant en 1887, mais pour cette passion qu’il ressentira pour ce village. Lui, qui, de par sa formation à l’Académie Julian avait pu voyager à travers l’Europe et l’Afrique du Nord, c’est dans ce petit village creusois qu’il trouvera finalement l’inspiration picturale dont il avait tant besoin. Mais cette excursion crozantaise de 1887, qu’il fit avec les peintres Jules Adler et Clément Brun, ne lui suffira pas. Il décide de revenir quatre ans plus tard , et c’est ainsi que débute sa grande histoire avec le village :
« En 1891, je m’installe à Crozant.
Discours d’Eugène Alluaud prononcé en 1926 lors d’une excursion organisée par l’Automobile Club à Crozant
Venu pour y passer 8 jours, j’y reste 8 mois. »
Cette phrase résume tout de ce qu’Eugène Alluaud a ressenti à son retour à Crozant : il ne voulait pas partir car il savait que tout ce qu’il avait toujours cherché était là. Depuis qu’il est tout jeune, Alluaud sait qu’il veut devenir peintre, mais il manque de repères puisque son père, grand amateur d’art, meurt précocement. Il y avait bien des peintres qui lui enseignaient la peinture, comme Charles Donzel, mais il ne possédait jusqu’alors pas de modèles, d’exemples à suivre. Lorsqu’il arrive à Crozant, il découvre ce que l’on appelle « L’Ecole de Crozant », dans laquelle il y avait des artistes, qui avaient comme seule ambition de peindre la vallée de la Creuse. Nous pouvons dire aisément que cela a été le tournant de sa vie.
Au-delà de l’inspiration formidable permise par les paysages de la Creuse, il en aimait son ambiance et, en particulier, celle de l’Hôtel des touristes tenu par Madame Lépinat. Il confiera plus tard qu’il s’y trouvait bien car, non seulement les prix n’étaient pas trop élevés, mais aussi parce qu’il était en bonne compagnie, auprès des autres artistes qui séjournaient également à l’Hôtel.
Ces huit mois passés à Crozant ont été déterminants pour Alluaud puisqu’il y fera par la suite construire sa maison, La Roca, dans laquelle il vivra aux côtés de son épouse, Marcelle. En 1891, il s’est rendu compte que sa vie, aussi bien professionnellement que personnellement, tournerait autour de Crozant.