Une série d’articles sur Eugène Alluaud, par Manon BARRAUD
« Je ne vous parlerai pas trop de l’assassinat de Crozant, du Crozant que j’ai aimé et admiré, par le barrage d’Éguzon. »
E. Alluaud, discours de 1926
Cette phrase en dit long tout sur l’engagement d’Eugène Alluaud pour la défense des paysages de Crozant. la vallée de la Creuse. Lors de ce discours, qu’il prononce sur le parvis de l’Hôtel Lépinat, devant les membres de l’Automobile Club, il explique pourquoi l’inauguration, alors toute récente, du barrage l’attriste. Et surtout, ce que cela implique pour la vallée de la Creuse qui, dit-il, va s’en trouver définitivement transformée.
Comme Eugène Alluaud, beaucoup d’artistes se sont désolés qu’un si bel endroit puisse être gâché par un barrage, aussi important soit-il – puisqu’à cette époque-là, le barrage d’Éguzon était le plus gros d’Europe. Plusieurs d’entres eux ce sont d’ailleurs opposés publiquement au projet, qui était annoncé depuis une quinzaine d’années. Une pétition, signée par des peintres du Limousin et de Paris, fut même déposée par Paul Madeline, ami d’Alluaud, à la Société pour la protection des paysages et de l’esthétique de la France en 1906. Mais cette action, comme d’autres, restèrent vaines.
« Malgré les protestations des artistes, malgré l’intervention de la Commission des Sites et monuments, l’œuvre du barrage s’est accomplie. »
E. Alluaud, discours de 1926
Selon lui, le fait même que les politiques n’aient pas écouté les artistes était une marque d’irrespect, dans la mesure où ce sont les peintres qui ont fait de Crozant, le village qu’il est devenu :